Nous avions échangé à plusieurs reprises, que ce soit au SAS12 ou avec le CCR, interrogations, expériences et RETEX de techniques d’autodéfense ou de combat rapproché. Certains d’entre nous étant pratiquants à des niveaux divers et dans des écoles martiales différentes, l’idée d’un drill axé sur le combat à main nue s’imposait.
Nous nous sommes donc retrouvés un dimanche de février au « dojo de la piscine » (ne rêvons pas, il ne s’agit pas de la rue Saint Dominique).
La température extérieure étant encore largement en dessous de zéro et bien que les radiateurs aient été allumés depuis une heure, les tatamis restent très froids… Qu’à cela ne tienne ! Nous n’allons pas tarder à nous réchauffer. Nous avons donc commencé, en guise d’échauffement, par une petite heure de Qi Gong (Chi-Kung) martial que je voulais faire découvrir à mes camarades du SAS12 et qui ne leur a posé aucune difficulté puisqu’ils sont habitués à faire travailler leurs jambes. Une fois ce petit travail énergétique effectué, nous enfilons nos gants et nous nous plaçons deux par deux pour un exercice les yeux fermés : les mains collées à celles de son partenaire, le défenseur ferme les yeux et tente de parer les attaques souples de l’attaquant qui, lui, garde les yeux ouverts. Après quelques minutes, on inverse les rôles puis on change de partenaire jusqu’à ce que chaque participant ait pu travailler avec tout le monde. L’exercice suivant consiste alors à conserver les mains en contact avec celles de son partenaire, yeux ouverts cette fois, pour des assauts libres, toujours en souplesse et toujours sans utiliser les jambes. Comme toujours, chacun a son style, ses habitudes, sa corpulence, son expérience (ou son absence d’expérience) et il est toujours intéressant de rencontrer de nouveaux combattants. Après quelques minutes de calme où nous commençons à échanger réflexions et points de vue, nous enchaînons avec des assauts libres à distance de combat normale. Je souhaitais que, pour cette première, on en reste au combat souple. En général, la tension monte vite, surtout avec la présence de participants peu ou pas expérimentés. La séance n’a pas fait exception à cette règle, surtout quand certains éléments perturbateurs commencent à se rouler par terre dans une espèce de pugilat informe, à mi-chemin entre la lutte gréco-romaine et le smurf… Donc, pas de combat dur pour cette fois et pas d’utilisation des jambes. Mais le seul vrai débutant s’étant très bien comporté, ce n’est que partie remise…
Après la pause déjeuner prise au chaud, à la maison, nous nous en retournons au dojo pour clore cette première séance combat avec l’utilisation d’une dague d’entraînement en plastique et aborder l’épineux problème du combat à main nue contre un adversaire doté d’une arme blanche. Différentes écoles s’affrontent. Les points de vue sont différents. Et c’est ce qui fait l’intérêt de ce type de rencontre. Mais nous tombons tous d’accord sur ce point : face à une dague, le « défenseur » non armé est quasiment sûr d’en ressortir blessé, ce qui impose d’être extrêmement rapide et offensif. C’est alors l’occasion d’exposer mon point de vue sur les différentes attitudes à adopter selon le contexte, le ou les adversaires et l’objectif que l’on se fixe au fur et à mesure de l’évolution de la situation (dans le cas d’une agression, notamment). Sur un champ de bataille, ou lors d’une opération spéciale, les choses sont encore différentes. La discussion est animée et passionnée, comme toujours.
Tout le monde est reparti avec le sourire aux lèvres et la ferme intention d’organiser une nouvelle séance prochainement. Nous avons, en effet, à peine eu le temps d’aborder la technique secrète du ballon chinois…