Le jour J est enfin arrivé, ça faisait un an que l’on attendait ça !
Depuis Septembre 2009, nous avons orienté notre entrainement pour que 0510 en soit l’apothéose.
Les trois derniers mois, nous n’avions plus que cela en tête.
Une semaine avant le jour J, je reçois un message m’avertissant de me tenir en alerte.
Je rassemble les SAS12 au café pour un briefing, nous n’avons aucune information sur le lieu ni la nature de notre mission.
Il va donc falloir prendre un maximum d’équipement pour prévenir toutes éventualités.
Nous répartissons dans les sacs de chacun le matériel pour faire une cache, des affaires «civile», du bivouac sec et l’armement lourd. Bref de quoi répondre à toutes éventualités.
Au niveau météo, l’hiver traine : il pleut depuis plusieurs jours, il fait très froid et la lune sera noire. On sera donc les rois de la forêt.
Je prépare soigneusement mes affaires en essayant de m’alléger le plus possible.
- M4 et six chargeurs, P226 et trois chargeurs.
- Quatre litres d’eau réparti dans les gourdes et le sac d'hydratation, le filtre de purification BWT, deux rations TTA enrichies.
- Ma trousse médicale.
- Mon kit bivouac, le kit camouflage et observation.
Je rajoute deux choses qu’en ce mois de Mai j’aurai pensé laisser à la maison :
- Le sous-vêtement grand froid Termoswed et mon parka goretex.
Le bergen et le sac d’allégement sont chargés dans la voiture, j’espère n’avoir rien oublié.
Une grosse journée de travail, un peu de route et je retrouve à 22H00 mon gang sur le parking d’une grande surface, on charge nos "tactical Kangoo". Je suis déjà mort de fatigue après une semaine de travail et c’est plusieurs heures de route qui nous attendent...
Pour ne pas s’endormir, on part sur les délires habituels, quelques pauses sur les aires routières où on se motive à bloc malgré la fatigue bien visible de chacun.
03H20 : On arrive enfin sur notre QG : Une maison isolée au fond des bois à flanc de montagne.
Aucune activité, il fait froid et la nuit est calme.
Soleil et un de ses gars nous attendent.
On vide nos "tactical Kangoo", on s’équipe tranquillement au sec et comble du privilège : on nous sert une mousse !
C’est bien la première fois que nous pouvons nous équiper au sec à notre rythme, autant d’attentions avant une OP, c’est mauvais signe, on va surement en baver plus tard...
04H00 : Briefing général.
Notre autorité Soleil distribue la carte du secteur et nous explique la situation :
Un avion d’un service de renseignement s’est écrasé en territoire ennemi controlé par des partisans.
Une équipe URH a été déployée sur zone la veille avec pour mission :
- Établir un camp de base sur zone
- Observer les contacts entre partisans
Vacation radio 08H00 et 20H00.
Depuis le dernier contact radio avec le groupe, notre service de renseignement a capté des communications ennemie et à pu localiser une de leur BLM.
Nous allons être largué en territoire ennemi avec pour missions :
- Etablir la liaison avec l'équipe URH
- Leur transmettre de nouvelles cartes encodées et les infos sur la BLM avant 08H00
- Etre à disposition de leur chef d'équipe
Il nous faut établir la liaison le plus rapidement possible afin de mettre en place un PO sur la BLM ennemie.
Le jour va bientôt se lever, il ne va pas falloir trainer…
Nous faisons un rapide briefing d’équipe tout en se peinturlurant la gueule façon guerrier, on vérifie aussi une dernière fois nos gilets et les radios.
Direction la Jeep avec la photo traditionnelle avant d'embarquer :
On roule péniblement par les chemins dans une nuit noire et fraiche. Fini les largages en « blind », on est assuré par l’autorité du lieu de dépose mais de vieux réflexes me font compter les croisements et les virages afin de visualiser notre trajet sur la carte mémorisée.
- « 60 secondes ! » nous dit le chauffeur en ralentissant et en éteignant ses feux.
Le véhicule s’arrête brutalement, chacun sait ce qu’il a faire, les uns couvrent les angles pendant que les autres déchargent les sacs. En quelques secondes chacun est en position, le véhicule repart péniblement.
Un genou à terre, le cul dans les ronces, on attend plusieurs minutes afin d’acquérir notre vision de nuit et de s’imprégner du milieu. Le ciel est noir, la faible lueur de quelques étoiles parvient à percer les nuages. Il fait froid, le sol est détrempé mais nous avons de la chance, la pluie s’est arrêtée. Tout est calme et silencieux, on n’entend que de rares gouttes qui chutent des arbres au sol. Nous sommes en moyenne montagne de résineux, l’air humide sent le bois mort.
Je vérifie notre position. Nous devons rejoindre le secteur de l’équipe URH situé plein Ouest sur une hauteur à huit kilomètres à vol d’oiseau de notre position. Une ancienne voie de chemin de fer serpente les collines et passe à proximité. Sur la carte je vois deux points de passage obligé, une sorte de canyon et un pont. Vu l’heure je décide de prendre cette « autoroute » afin d’arriver avant le jour et de contourner simplement les points de passage.
04H45 La patrouille se met en marche en colonne :
Pour cette OP j’ai une « Dream team » : deux « moustachus » Frog et Koursk et Nono, un chat maigre. Je suis chef d’équipe et je m’occupe de la topo. Devant moi Nono, le nouveau, ouvre la marche, derrière moi Frog couvre les flancs et Koursk ferme la marche comme il sait si bien le faire.
On avale les premiers kilomètres sans encombre. Devant moi Nono stoppe : « canyon apache ». On ne pourrait rêver mieux pour tendre une embuscade. Il s’agit d’un défilé de 800 mètres avec des falaises abruptes des deux cotés. J’ai toujours mon œil rivé sur la montre et je me dis « Qui ose gagne ». Je décide de ne pas le contourner et de faire un bond en avant, la crosse sur l’épaule. Ca passe sans encombre et on garde l’allure, le numéro un et le numéro trois change de poste afin d’avoir toujours un éclaireur bien affuté.
Deuxième points de passage obligé, je veux tenter une nouvellement fois le diable, je décide de ne pas le contourner. On passe quelques minutes à observer le site, tout semble calme. Nouveau bond en avant en prêtant attention à d’éventuels pièges. RAS encore une fois.
06H50 Le jour pointe. Après le pont, j’ai cherché un axe pour rejoindre la zone de regroupement qui se trouve à plusieurs mètres de dénivelés au-dessus de notre autoroute. Avec notre rythme de marche forcée, nous ne sommes plus maintenant qu’à un kilomètre plein Sud de notre zone de regroupement. Seulement un méchant dénivelé nous attend, c’est pratiquement une voie baby d’escalade. On commence à grimper en zigzaguant puis on finit pratiquement à quatre pattes. Les sacs sont lourds et ça tape fort sur les cuisses. Lorsque nous arrivons sur le pallier, nous sommes à sec mais nous établissons la liaison radio avec le groupe URH.
07H30 : On vient nous récupérer pour nous diriger vers la zone de vie établie la veille. Cette planque se situe sur le flanc Nord d’une montagne dans un amas de roches et de broussailles. L’endroit est détrempé, couvert de bois mort et il faut être un bouquetin masochiste pour y accéder.
Une cache avec deux pax dedans : le chef de groupe et son radio. Les autres sont dispersés en deux équipes sur deux PO. On nous indique un trou aménageable à quelques mètres pour faire un abri sec. Je fais mon rapport de situation pendant que les gars s’affairent à creuser, à tendre une basha et du filet cam.
Je confirme qu’un avion de reconnaissance s’est écrasé sur la zone, nous avons intercepté des communications radio ordonnant à un villageois de rejoindre une BLM dans la montagne. Il s’agit d’une cabane au bord d’un chemin. Le chef de groupe envoie sans tarder sa deuxième équipe sur la BLM supposée de l’ennemi avec pour mission de monter un PO. Nous n’avons pas trainé en route mais nous apportons l’info avec le jour et l’équipe d’observation va devoir prendre des risques.
08H00 : Je quitte mon chef de groupe qui fait sa première vacation radio de la journée. Nous sommes à disposition, nous allons assurer la relève du PO de l’équipe d’observation. Mon rapport n’a duré que quelques minutes et je retrouve mes camarades en train de manger avec le sourire des gars qui sont fiers de leur abri camouflé réalisé très rapidement comme quoi l’entrainement y a que ça de vrai. Deux gars en PO, deux gars au repos, changement toutes les deux heures.
La matinée s’écoule lentement, il fait très froid, un vent humide fouette notre poste mais il ne pleut pas c’est déjà ça. L’abri semi enterré est protégé du froid par une bâche étalée au sol, de l’humidité par une bâche tendue et du vent par la terre et nos sacs remplis. Je rêve de la chaleur de mon duvet mais pas question de s’installer, il faut être capable de dégager dans la minute. Couché en boule dans ma tenue, je fais des mini-sommeils en grommelant contre mon chef d’équipe qui a planté une zone vie sur un flanc plein nord balayé par ce vent glacial.
13H00 : Le secteur est calme, RAS de la matinée, le ciel est menaçant mais il ne pleut toujours pas. L’équipe d’observation est de retour et je suis appelé au briefing :
Les gars ont vu un civil non armé rentrer dans la cabane indiquée par nos services puis en ressortir. Un de nos hommes tente sa chance en entrant à son tour, il a trouvé un billet et a noté son contenu. Quelques heures plus tard, un deuxième individu entre lui aussi discrètement dans cette cabane pas si isolée que cela en définitive. Il revient un peu plus tard et l’équipe recommence la manip. Nous avons donc une copie d’un long message et sa réponse cependant le tout est codé et indéchiffrable. L’unique moyen de transmettre ce message à nos services d’analyse est une de nos BLM.
Le chef d’équipe prend la décision de parti en plein jour, déguisé en civil avec son garde du corps pour déposer lui-même le message à notre BLM la plus proche.
13H50 : Je le regarde partir de mon PO, je suis un peu dubitatif sur sa décision de s’exposer ainsi. Les rotations se font toute l’après-midi, sans rien à observer ni à signaler. Je lutte contre le froid mordant et le sommeil tant le secteur est désespérément calme.
16H00 : C’est mon tour de repos, je suis allongé sur la bâche de notre abri mais je n’arrive pas à dormir à cause du froid. Notre chef de groupe aurait dut revenir depuis plus d’une heure et nous n’avons aucune liaison radio avec lui. S’il n’est pas rentré avant 20H00, il faudra considérer qu’il est perdu et que notre planque est polluée. Il faudra donc profiter de la nuit pour trouver une nouvelle cache.
Quitte à ne pas dormir autant en profiter pour aller nous dégourdir les jambes pour nous réchauffer. Mon idée est d’aller à la rencontre du chef de groupe vers un sommet qui sépare notre planque de la BLM où il me sera peut-être possible d’établir une liaison radio. Frog, à mes cotés, ne dort pas lui non plus, il grelotte comme moi et doit pester lui aussi sous sa cagoule.
- « Allez camarade, on va aller se dégourdir les jambes. »
- « C’est une putain de bonne idée, on se les gèle ici. »
Afin de ne pas se charger inutilement, on a deux tenues de randonnée pour l’équipe SAS12. Radio dans une poche et P226 dans l’autre, Frog et moi quittons très discrètement notre cache après avoir eu l’accord du reste du groupe.
On profite de la ballade pour refaire le plein d’eau et reconnaitre le site de jour.
Arrivé au sommet et après de longues minutes d’attente, j’arrive enfin à établir la liaison radio avec le chef d’équipe. Notre BLM était piégée par un piège à con, son binôme est touché, ils se trainent pour revenir au campement. Il est décidé que Frog et moi allons nous poster dans son sillage afin de vérifier qu’ils ne sont pas suivis.
17H00 Le chef de groupe arrive au campement où l’on donne les premiers soins à son binôme, il est touché au bras et au thorax et son état sable ne nécessite pas d’évacuation d’urgence. On ne va pas rompre le silence radio et attendre simplement la vacation de 20H00 pour demander une evasan.
17H30 Frog et moi après nous être assuré que l’équipe n’était pas suivie rejoignons le campement.
On nous donne pour mission de rejoindre notre deuxième BLM afin de laisser les messages à décoder. Si la première était piégée, la seconde le sera sûrement voir même un comité d’accueil peut nous y attendre.
La BLM se situe sur la face Nord du point culminant à proximité d’un chemin et d’une source.
Je décide de contourner tout le sommet en passant par le flanc Nord, de nettoyer les hauteurs et de descendre vers la source afin de tomber dans le dos d’éventuels ennemis. L’expédition sera physique et il nous faudra du jour pour grimper. On prend nos tenues cam, nos M4 mais on s’allège au maximum sauf en munition car une journée d’attente et surtout notre blessé ont titillé notre agressivité. On est déterminé à détruire toute embuscade.
La colonne se met rapidement en marche. Sans les sacs, on a l’impression de gambader follement. On essaye d’allier une bonne allure et un maximum de discrétion. On va dans une embuscade mais on est content d’être entre nous et actif. J’ai le nez sur la carte afin de manœuvrer précisément et de ne surtout pas perdre de temps, les autres « chouffent » bien.
L’ascension se fait sans encombre, arrivé au sommet on n’a hélas pas le temps de profiter de la vue. On descend vers la source en ligne en formant des zigzags sur tous les points sensibles. La nuit tombe, la luminosité baisse, la tension grimpe plus on se rapproche de la BLM.
L’arbre qui nous sert de BLM est devant nous, nous avons sécurisé le secteur et aucunes traces de passage.
Frog, notre expert pétard, inspecte prudemment l’arbre, il en ressort deux tubes à pellicule photo et dépose à la place nos deux messages. On signale la réussite de la mission par radio afin de lancer une levée lors de la prochaine vacation radio.
Ca n’a pas tapé à l’aller, ça n’a pas tapé à la BLM, ça va taper au retour…
On décroche prudemment aidé par la nuit. Après la tension de la phase d’approche, je sens que tout le monde force légèrement le rythme et je calme le train.
22H00 : Retour au bivouac, RAS, tout s’est bien passé, nous avons été très prudents au retour en prêtant une attention particulière à ne pas être suivi. Je suis très satisfait de la navigation, de la manœuvre et de la tenue de l’équipe. Tout le monde est resté attentif et agressif malgré la fatigue qui s’accumule.
Rapport de situation avec les chefs d’équipe :
Notre blessé ne sera pas évacué, son état est stable et il est transportable en cas de pépins.
La levée de la BLM 2 a été demandé à la vacation, pas d’informations complémentaires ni d’ordres.
On décrypte les infos laissé par l’autorité sur la BLM 2 : Il s’agit de la fiche d’identité encodée de notre pilote.
On sait tout ce qu’il y a à savoir pour l’identifier de façon sûre. (Par exemple : mentions de son premier diplôme, numéro de sa licence civile, nom de jeune fille de sa grand-mère paternelle, où est enterré son grand-père maternel…)
Nos PO n’ont rien donné, il n’y a pas d’activité sur zone, simplement les passages sur la BLM ennemi dont nous attendons le décryptage des messages.
Nous continuons à assurer nos tours de garde. La dernière promenade m’a bien épuisé tant physiquement que mentalement. La fatigue de la semaine et de ce premier jour de terrain commence à se faire sentir. Je somnole entre deux sursauts nerveux.
Soudain :
- Ils arrivent. Ahhhhh, ils arrivent !
Je bondis et j’épaule mon M4.
Silence total.
Frog et Koursk sont déployés autour de moi, genoux à terre et M4 à l’épaule. L’autre équipe ne semble pas réagir ou bien ils font comme moi : ils écoutent.
Le seul son que je perçois provient de Nono qui ronfle comme un vieux mineur.
J’avertis par radio que Nono notre dernière recrue, souffre de terreur nocturne.
Je me rendors mais on vient me réveiller un peu plus tard dans la nuit :
- Le chef de groupe te demande.
Il fait nuit noire, aucune lueur d’étoile n’arrive à percer les nuages. J’ai la tête dans le cul, les genoux rouillés, je chute deux fois avant d’atteindre son bivouac.
Nous avons reçu la clé de décryptage du message par radio. Lumière rouge sous les bâches, je m’attaque au décryptage qui est long et vraiment coton. Au bout de quinze minutes j’ai le cerveau qui fume et je passe le relais à un suivant. Je suis fatigué et je n’arrive pas à bien calculer. Au bout de dizaines de minutes de travail, le résultat tombe.
Pour résumer, le premier message demande la venue de la ville d’un traducteur. Il s’appelle « le boucher », on ne sait pas si c’est son métier ou bien un nom de guerre.
Le deuxième message est une réponse : un lieu de RDV et une heure, aujourd’hui à 7H00.
C’est une excellente information, en toute logique, le traducteur devrait être conduit vers le lieu de détention de notre pilote. Nous étudions attentivement la carte du secteur de RDV. Le lieu est un croisement de chemin qui est vraiment isolé. Le chef de groupe attire notre attention sur une cabane située dans les hauteurs à quelques kilomètres du lieu de RDV. Il n’y a aucune habitation à plusieurs kilomètres à la ronde. Avec un sourire sardonique éclairé par la lumière rouge il déclare :
- Messieurs, on prend les blancs.
Le plan du chef de groupe est simple et audacieux :
.Une équipe se positionne sur le lieu de RDV qui a lieu à 7H00.
.Une équipe se positionne sur la cabane où pourrait être retenue le pilote.
.Une équipe, la notre, l’accompagne sur la cabane, si on suppose la présence du pilote, on tape les méchants, s’il n’y a personne, on laisse la première équipe en observation et on prend position sur l’unique accès entre la cabane et le lieu de RDV. Suivant ce qui va se passer on sera en mesure de stopper des renforts si une des équipes tapent les méchants ou encore de délivrer le pilote s’ils le font bouger.
Le risque du plan est que nos équipes sont éparpillées et isolées sur un grand secteur dont les sommets boisés risquent de couper les liaisons radios.
Je reviens vers les miens et je relais les informations. On range notre bivouac et on camoufle les sacs de vie. On n’a pas besoin du matériel confort simplement de nos munitions mais si ça tape, il faudra quitter le secteur et abandonner notre planque donc on fait le plein d’eau et de nourriture.
04H30 : Nous quittons discrètement notre cache en colonne. Il faut nuit noire à cause des nuages mais il ne pleut pas, l’air frais est chargé d’humidité. Nous assurons les arrières du dispositif, en passant prêt d’un ruisseau nous refaisons le plein d’eau. Nos bidons étaient bien remplis après la ballade de l’après-midi mais on ne sait jamais de quoi les prochaines heures seront faites. Il y a deux ans à la même époque, nous avions passé 20 heures ensoleillées sur un PO sans possibilité de refaire le plein d'eau avec une action suivi d'un décrochage et ce fut vraiment rude.
Après plusieurs kilomètres, le chef de groupe et son équipe partent en direction du lieu de RDV. Nous suivons l’autre équipe vers la cabane isolée.
06H00 : Le jour commence à pointer. Nous sommes à l’orée de la forêt face à une clairière où doit se trouver la cabane à 100 mètres devant nous mais elle est noyée dans un brouillard matinal. On se déploie autour de l’objectif. Le secteur est vide de toutes activités mais nous remarquons des traces de véhicules.
Comme de toute évidence le secteur est vide, nous laissons nos amis en poste autour de la cabane et nous nous dirigeons vers notre objectif.
En étudiant la carte, j’ai vu que le chemin carrossable forme une épingle dans une montée. Le chauffeur est obligé de ralentir à ce niveau et de passer en première. C’est donc un endroit idéal pour stopper en toute sécurité un véhicule.
Nous nous dirigeons vers ce virage et comme nous pouvions le supposer, nous perdons le contact radio avec le reste des équipes. De toute façon, les instructions sont claires : à 10H00 si rien n’a bougé on décroche sur la planque.
06H45 : Nous sommes en position sur le virage en épingle. Nono est sur les hauteurs au Nord de l’axe et Koursk au Sud, ils peuvent identifier un véhicule en avance et rejoindre rapidement le reste de l’équipe. Je suis au centre du dispositif sur le virage avec Frog mon tireur.
Si nous voyons un prisonnier dans un véhicule ou si on entend des tirs sur les positions amis, on stoppe tout renfort.
Avec un peu de chance, les méchants iront au RDV avec leur prisonnier. Vu l’état de la route, on imagine un 4X4 avec des méchants et notre objectif à l’arrière. A deux mètres de la route, on ne fera pas de bavures, on pourra récupérer notre colis et un véhicule.
-Ménat de Nono : berline en approche, un pax.
Une berline verte descend doucement, un seul homme à l’intérieur, il se dirige vers le lieu de RDV.
Première désillusion, les méchants roulent en berline sur ce chemin défoncé. Le super plan Jeep et doublette dans le buste du chauffeur tombe à l’eau.
Je rends compte à la radio sans réponse.
Dans l’hypothèse que le méchant repasse avec un passager : le « boucher », on les stoppe et on se débrouille pour qu’ils nous conduisent au pilote.
09H50 : Cela fait trois heures que le véhicule est passé et il ne s’est rien passé sur le secteur. Le jour est levé, il fait beau, les nuages se sont dissipés et le soleil vient sécher nos tenues. Il va falloir rejoindre notre planque en plein jour. Nous quittons le site d’embuscade en colonne et faisant très attention à notre environnement. Nous n’avons pas fait 500 mètres que l’on entend un véhicule, il passe en première et accélère fortement, on peut donc supposer qu’il prend le virage en montant.
Je regarde mes gars au visage froncé et les yeux à ciel.
On vient peut-être de rater notre colis mais les ordres sont les ordres, on rejoint notre positon.
11H00 On va de mauvaises surprises en mauvaises surprises : Nous sommes à la planque et il n’y a personne. Sur la carte, nous étions les plus éloignés donc nous devrions être les derniers à rentrer. Aucun contact radio de toute la matinée. Frog prend position sur le premier PO et moi sur le deuxième. Je n’aime pas entrer et sortir de la planque mais on ne va pas attendre les copains jusqu’à la nuit.
J’envoie Nono et Koursk vers le lieu de RDV en tenue de randonnée pour tenter d’établir une liaison avec l’autorité.
Le soleil est levé, il sèche la terre autour de moi, je cherche quelques rayons à l'ombre de ma cache pour me réchauffer. Cela fait maintenant 36 heures que nous sommes sur le terrain, nous n'avons pas participé à des actions mais l'équipe est au complet et c'est déjà ça. J'étudie la carte pour prévoir un plan B, si dans six heures personne ne revient, il faudra quitter la cache.
Arrivés sur une hauteur, Koursk et Nono établissent le contact radio et font liaison entre le chef de groupe et moi.
Les deux équipes reviennent au complet sur notre planque avec le colis…
Après avoir bien vérifié de ne pas avoir été suivi et avoir camouflé les traces, la routine des PO reprend son rythme alors que le soleil est à son zénith.
Les chefs d’équipe font un briefing de la matinée :
Le Rendez-vous a bien eu lieu au croisement à 07H00, le conducteur de la berline qui passa devant nous a retrouvé un deuxième homme et ils ont discuté quelques instants sous l’œil de notre équipe. Une chose incroyable s’est produite : un bonhomme en tenue est sorti menotté du coffre de la Berline et s’est enfui alors que son gardien parlait. Ce dernier ne s’est aperçu que longtemps après de sa disparition au moment ou il embarquait son camarade surement le boucher.
Ils l’ont cherché en vain pendant de longues minutes puis ont décroché. L’équipe sur place a réussi à établir le contact avec la seconde équipe qui était en « chouff » sur la cabane et ils ont organisé une battu pour récupérer le pilote. L’opération fut compliquée par la présence de méchants eux aussi à la recherche de ce dernier mais elle s’est conclue par la récupération et l’identification du pilote en toute discrétion.
Nous offrons un peu de réconfort au pilote, en profitons pour réaliser une deuxième vérification de son identité et le questionner longuement sur ces lieux de détentions. Il a passé la nuit au sec dans une cabane qui ressemble à celle observée ce matin, nous avons une vague description du lieu et de ses gardiens. Il a été convenablement traité et malgré le stress de l’évasion il est en forme.
Nous allons profiter du fait que les méchants sont à la recherche de leur ancien prisonnier au Sud de notre position pour l’évacuer sur un site que nous avions repéré lors de notre marche d’approche au Nord. Le silence radio est rompu pour demander une évacuation immédiate.
Un « hélicoptère » viendra récupérer le pilote à 16H30 dans une clairière au Nord de notre position.
La progression en plein jour étant extrêmement dangereuse, notre chef d’équipe décide de créer un leurre. Une équipe progressera relativement à découvert vers la zone d’évacuation avec un faux pilote et devra attirer le tir d’éventuels tireurs embusqués pendant que le reste du groupe avec le vrai pilote fera une large boucle et se positionnera en deuxième cercle sur la zone. C’est avec un certain fatalisme que j’apprends que la mission suicide nous revient.
Je retourne vers les miens pour les avertir de la mission. Pendant ce temps Romain qui a le même gabarie que le pilote change ses affaires avec ce dernier qui ne comprend pas tout. Nous l’attachons avec de faux liens et lui bandons les yeux afin que l’illusion soit totale si un méchant nous observe à l’aide d’une lunette.
Le groupe quitte la planque en premier car ils vont réaliser un grand contour et sécuriser leur marche. Nous restons avec Romain et nous aiguisons notre agressivité. Nous sommes passés à côté de toutes les actions depuis que nous avons été largués. De plus, nous avons l’impression de nous coltiner toutes les missions à la con. Si quelqu’un nous tire dessus, il s’attendra à ce qu’on protège le pilote et non à ce qu’on fasse une boule de feu sur lui, nous voulons donc profiter de ces quelques secondes pour éliminer le ou les tireurs en limitant au maximum la casse mais personne n’est dupe sur le résultat surtout pas Romain.
Nous quittons la planque et prenons la direction du lieu d’extraction en longeant le seul axe du secteur. Nous progressons en colonne à l’abri de la forêt, légèrement en hauteur du chemin que l’on devine à travers les branchages. Soudain nous entendons un véhicule sur le chemin, il progresse doucement et stoppe à notre hauteur. Nous ne pouvons le voir car il est trop loin mais nous entendons clairement deux portières claquer.
Armes à l’épaule, en ligne face au danger nous attendons, nous sommes très bien camouflé et il est impossible qu’ils nous aient vu de la route, je cherche à la lunette d’éventuels observateurs.
Nous entendons des bruits de mouvements dans notre direction, je distingue une silhouette à la lunette, un homme en tenue civile avec une bonnie hat sur la tête et une tronçonneuse à l’épaule. Il s’installe sur notre axe de progression, allume sa machine et commence à couper de minuscule branche, il ne travaille pas proprement, on devine qu’il n’est pas seul mais je ne distingue pas son ou ses collègues.
J’envoie Frog qui a revêtu sa guillie hibou à la pêche aux infos, c’est le plus silencieux d’entre nous et il arrive à se glisser jusqu’au véhicule. Il revient vers nous en confirmant la présence de deux « bucherons » non armés. On fait donc une boucle pour les éviter en prenant soin de ne pas tomber dans une embuscade car leur présence au même moment que la nôtre ne peut être le fruit du hasard.
16H10 Nous arrivons en lisière de la clairière, la marche d’approche avec cette sensation d’être épié a été très fatigante. Nous avons sécurisé le secteur, le groupe est sur nos arrières en second cercle et ils s’apprêtent à bondir avec le pilote dés l’atterrissage de notre hélicoptère.
16H25 Contact radio avec l’hélicoptère. Il approche par le Nord et sera sur zone dans 5 minutes.
Tout le monde est extrêmement crispé.
16H30 Je bascule mon M4 pour attraper un fumi lorsque soudain à l’oreillette.
- "Votre secteur est pollué, nombreux ennemis en approche au Nord de votre position, mission annulée. Bonne chance".
- Le chef de groupe annonce à la radio «On décroche, on décroche ».
On fait un bon en arrière, le groupe et le pilote doivent se situer sur les hauteurs et filer vers le lieu de RDV d’urgence à plusieurs kilomètres au Sud. En courant je vois un léger relief, je stoppe la colonne et déploie les gars en ligne. On pourra donner un peu de temps au groupe en stoppant d’éventuels poursuivants. Au bout de quelques minutes comme tout est calme, nous reprenons notre marche en colonne et au même moment nous entendons des détonations au loin sur les hauteurs au sud : le groupe a été accroché.
Comme d’habitude dans les cas d'urgence, nous subissons des interférences à la radio, ils ont dut passer sur l’autre versant de la montagne.
Nous reprenons la marche en colonne toujours prudenment.
Alors que nous progressons silencieusement dans les fourrés, devant moi mon éclaireur stoppe et se tourne vers la droite tout en épaulant son arme.
A l’imité je suis son mouvement et je vois à 70 mètres à ma droite deux miliciens à moitié allongés par terre avec chacun une AK47 à ses pieds. Ils viennent de nous appercevoir en même temps, ils ouvrent grand leurs yeux.
J'aligne ma visée sur celui qui vient de laisser tomber son repas et se saisit de son arme.
Alors que j’allais tirer, son camarade l’empêche de prendre son arme et se lève.
Je hurle : « jetez vos armes » en contrôlant du coin de l’œil ma colonne qui est en mode « rouge ».
Le premier obtempère, il jette son arme et d’un mouvement las et se met à genou les mains sur la tête.
Le second vient tranquillement vers nous.
Je suis extrêmement tendu et je lui hurle de ne pas bouger.
Il ne semble pas tout comprendre mais fini enfin par s’arrêter.
L’équipe sécurise le secteur pendant que Frog et Nono s’occupe de nos nouveaux amis.
Ils sont équipés et armés comme un porte-avion russe avec une tenue neuve et des « pistoflingues » propres avec accessoires.
Je procède à un interrogatoire en règle mais je n’obtiens absolument rien d’eux. Ils jouent les pauvres types mais au vue de leur équipement, ils font parti du groupe qui nous cherche et qui a tapé nos camarades quelques instants auparavant.
Je n’avais absolument pas prévu de faire de prisonniers, je suis vraiment pris au dépourvu. Pressé par le temps et notre position défensive, ces deux lascars représentants une menace qui n’arrange vraiment pas la situation en ne coopérant pas. Oppressé par notre position et agacé par leur comportement, je décide de les éliminer. Cette décision me sera sévèrement reprochée lors du débriefing. J’aurai du les ligoter et les laisser là mais je n’avais pas envie de les retrouver sur le chemin et il faut avouer qu’ils ont payé pour l’avortement de l’opération de secours.
En continuant sur notre axe de retraite, nous tombons sur des traces qui nous mènent à une cabane. Après inspection, elle a abrité une équipe la veille. Il y a donc des gars qui campent à proximité de notre secteur de bivouac. On retourne à nos caches en effectuant plusieurs manœuvres en hameçon afin de prévenir de ne pas être suivi.
18H00 Nous arrivons en fin d’après-midi à la cache où nous attendent le reste du groupe. Ils ont bien été pris à parti par l’ennemi heureusement sans casse si ce n’est le pilote qui s’est foulé une cheville lors du décrochage.
Avec l’équipe nous avions peu de sympathie pour le pilote étranger mais maintenant qu’il doit être brancardé, il devient vraiment un boulet. Comme nous héritons généralement de tous les pots de pue depuis le début de la mission, nous décidons que si nous devons nous le coltiner pour une évacuation, nous utiliserons la AK récupéré sur les prisonniers pour nous alléger et écourter la mission. Alors que nous complotons entre nous, le chef de groupe réorganise son dispositif et nous affecte à la protection de la cache et du pilote. La situation est vraiment causasse, le pilote fait ami-ami avec nous sans savoir qu’on compte l’éliminer à la première occasion. A son retour le chef de groupe doit sentir la situation car il nous reproche de ne pas avoir nourri le pilote et nous rappelle que nous devons le protéger. Pour moi, c’est sa mission, il ne porte pas notre drapeau, on coopère bon gré malgré mais mon but est de ramener tous mes gars et je ne prendrai pas de risques pour lui.
La nuit tombe, je suis inquiet par la présence de la cabane à quelques kilomètres seulement de notre cache. Il y a des nuages mais il ne pleut pas. Les quarts sont programmés par le chef de groupe. Je remonte l’info aux miens en faisant régler les montres. Je décide que nous resterons dans les duvets sur notre position pour surveiller car il fait vraiment très froid. L’essentiel est d’avoir un gars aux oreilles à l’affut. Une heure avant notre tour de garde, Romain vient tous nous réveiller pour nous expliquer qu’il faut prendre le tour de garde à l’opposé de notre position. Il insiste en disant que c’est un ordre. On s’équipe donc tour à tour pour rejoindre un secteur venteux. Je prends le dernier quart celui de 5 heures. A flanc de montagne, en plein vent, je vois les premiers rayons de soleil se dessiner à l’horizon. Si ce n’est ce changement d’ordre, la nuit a été très calme.
06H30 tout le monde se réveille. Je fais mon rapport au chef de groupe et j’apprends qu’il n’y a pas eu de contrordre mais simplement une erreur dans la transmission des ordres et du planning. Nous regardons tous avec un mauvais œil le pauvre Romain.
La vacation radio du matin nous apporte les éléments cruciaux pour la suite des événements.
Un hélicoptère sera de nous envoyé pour récupérer le pilote et nous avons les coordonnés de la base ennemi où doit se trouver un document électronique provenant de l’avion abattu que nous devons absolument récupérer.
Nous détruisons la cache et nous partons avec les sacs sur les coordonnées de la base ennemie. La route se déroule sans incident.
10H00 Arrivé sur zone, le chef de groupe nous envoie en éclaireur pour faire un PO sur la base ennemi. Alors que nous approchons doucement de l’objectif, on m’indique par radio qu’un hélicoptère nous a été octroyé et que nous devons sécuriser la zone pour évacuer le pilote et rapporter tous les documents que l’ennemi à récupérer sur la carlingue de l’avion. Nous avons 60 minutes pour opérer.
Cette nouvelle me rend fou de colère. Comment organiser une action sans aucune information au préalable !?
Le chef me signale par radio de récolter le maximum d’informations en 20 minutes pendant ce temps, ils progressent vers nous.
J’envoie Frog et Koursk faire un contournement de l’objectif pour observer la face Nord et je me dirige avec Nono vers la face Sud. Nous avançons rapidement mais furtivement dans la forêt et nous arrivons à l’orée d’une clairière où une petite cabane en bois trône au milieu.
Un véhicule 4X4 est garé derrière dans le secteur de Frog et, à l’entrée face à nous, un homme en arme est assis devant un feu. L’ensemble est baigné dans la brume matinale. Aux jumelles je distingue clairement l’homme assis, il se prépare un café, son AK posée à coté et il converse avec une autre personne que je ne vois pas. Elle semble être dans la cabane et je distingue sans en être sûr des mouvements à l’intérieur. Nono me signale des mouvements dans le bois au Nord de la cabane mais je ne sais pas si ce sont nos gars ou des ennemis. Pour des raisons de sécurité évidente, nous sommes en silence radio.
Au bout de quelques minutes je retourne au lieu de RDV où nous attendent le groupe, Frog et Koursk.
10H20 Nous faisons notre briefing très rapidement, nous avons identifié au sûr un bonhomme et il y aurait deux autres types (un dans la cabane et un autre non vérifié dans les bois en patrouille).
Il est décidé que nous progresserons rapidement en colonne jusqu’à l’orée du bois puis nous sous scinderons en trois équipes avec chacune un secteur à traiter.
10H30 Nous prenons la tête de la colonne pour amener rapidement le groupe devant notre zone. Je suis essoufflé par les dernières progressions et le stress n’arrange pas tout. Arrivé à 100 mètres de l’objectif, nous prenons à droite en ligne et je vois les autres équipes faire de même. A couvert dans les taillis, je frêne ma troupe qui veut en découdre, je veux garder la ligne et éviter tous tirs fratricides à cause du stress et de la fatigue.
Nous sommes à l’orée du bois, je vois clairement le type encore assis mais avec son AK entre les jambes.
Je stoppe, met en joue comme mes camardes à gauche et à droite, j’attends deux secondes qui paraissent interminables quand claque à la radio le « Go, go, go ». A cet instant tous mes gars tirent sur le pauvre type assis et j’entends pétarader dans les autres secteurs.
Plusieurs détonations ont lieu et la zone se trouve noyée par des fumigènes jaunes, un système de défense qu’à actionné un ennemi avant d’être touché. On ne distingue plus grand-chose, il y a du mouvement dans la cabane, on tire à l’intérieur, je retiens Frog qui veut ouvrir son angle mais qui quitterait sa zone de tir. Une silhouette se dessine dans la fumée, Nono à ma gauche tape une doublette et la silhouette s’écroule. En tombant elle sort de la fumée et on voit clairement un uniforme DPM.
Le silence tombe, j’entends la première équipe signaler que son secteur est clair, je fais de même et j’entends la troisième signaler qu’elle a un homme à terre.
Nous fouillons les trois ennemis morts, une équipe nettoie la maison qui est piégée et un petit groupe s’occupe de notre touché. Il s’agit de Romain qui s’est trop avancé dans la précipitation et que Nono a dessoudé.
La tension est à son comble, nous craignons que d’autres ennemis arrivent attiré par le bordel. Je reste prêt de Nono qui se morfond de sa bourde. Personne ne trouve les documents dans la maison, ça prend vraiment beaucoup trop de temps. On surveille notre secteur et une explosion retenti, un deuxième gars s’est fait sauter en fouillant le 4X4 qui était piégé.
Panique à bord, les fouilleurs décident d’abattre une cloison dans la maison, je fais reculer mes gars encore plus et j’appréhende une contre attaque.
J’entends à la radio : « les enculés avaient cachés le matos dans la cloison, on décroche »
10H40 On part en tiroir avec nos deux touchés sur la zone d’évacuation.
11H00 « L’hélicoptère » arrive sur zone à l’heure prévue, soit quelques minutes après l’accrochage, pour éviter qu’il ne fasse plusieurs aller-retour trop dangereux, on charge simplement les blessés et nos sacs de vie.
Il nous reste encore une demi-journée pour rejoindre dans nos lignes, sans nos sacs et blessés, on progressera très rapidement.
Comme mes gars étaient déployés en essaim pour sécuriser la zone, j’ai vidé les sacs de l’équipe de la nourriture et de l’eau en prévision du crapahut de retour, j’ai les poches de ma smock remplit de denrées, chacun vient puiser et remplir à son tour ses poches.
La brume s’est levée et a laissé place à une fine pluie, le groupe progresse rapidement en colonne sans aucune rencontre.
Nous arrivons à notre camp de base pour l’apéritif qui est déjà servi.
FINEX
Un toast en l’honneur des participants et des absents et à table pour l’habituel barbecue qui après tant d’effort à un gout si particulier.
Quelques précisions après débriefing, l’action improvisée de la fin, qui nous a beaucoup dérangé, avait été judicieusement décidée par l’organisation afin de tester notre sens de l’initiative. Depuis trois ans nous avions systématiquement le temps de bien préparer notre assaut et c’était vraiment original d’improviser et de faire cela en très peu de temps.
Nous avons tous salué le talent de comédien du pilote qui a parlé anglais avec accent polonais durant toute la durée du raid. Il a énormément improvisé comme par exemple lors de son évasion et en simulant une entorse, tout cela n’était pas du tout prévu ! Cela a posé quelques problèmes à l’organisation mais s’est avéré très stimulant pour nous tous.
Le retour a été effectué sans l'équipement et les airsoftguns car il fallait sortir de notre zone de jeu pour rejoindre le camp de base. C'était donc l'occasion de faire une longue marche finale pour finir en beauté ce long week-end.
Au niveau de l’équipe, après six mois d’entrainement intensif, nous étions vraiment chaud et soudé. Le fait d’être tributaire d’une échelle de commandement avec parfois ses couacs a resserré nos liens, le terrain que nous connaissons est quand même chaque année aussi difficile (vent, froid et humidité mordante). Lors du débriefing nous avons appris que dès notre largage nous aurions dut tomber dans un guet-apens à Canyon Apache, le système électrique de mise à feu n’a pas fonctionné. Merci à notre bonne étoile, des pertes dés le début de la mission aurait surement bien affecté notre moral.
Nous nous sommes fait taper sur les doigts pour l’exécution des prisonniers et le tir fratricide. Il n'était pas prévu que l'ont tombe nez à nez avec les deux ennemis qui ont très bien réagit car les distances étaient badartes? Nous étions en effet trop prêt pour un décrochage et trop éloigné pour allumer à la cause de la portée de nos airsoftguns. Pour éviter un engagement typiement airsoft les deux méchants ont parfaitement percuté en se rendant. Quite à jouer les méchants jusqu’au bout, nous avons défendu notre camarade Nono en disant que nous avions volontairement tué Romain pour nous venger du réveil intempestif de la veille.
Je tiens à remercier sur ces dernières lignes d'un long résumé Athos et ses gars pour l’organisation impeccable du raid ainsi que leur sens si particulier de l’accueil et de l'amitié.
Ce raid comme les précédents s'est déroulé sur propriété privé à savoir une zone de chasse, largage et circulation ont toujours lieu sur chemins privés. Nous invitons vivement tous les amateurs de ce type d'évênements à prendre contact avec les municipalités et les autorités compétentes.